Commencer la gravure

SOMMAIRE:

Les origines:

L’homme a très vite gravé, certainement dès qu’il a été assez adroit pour se servir d’un outil et voir qu’avec cet outil il pouvait creuser un sillon dans une pierre plus tendre. Après avoir fabriqué une arme, il a cherché à l’embellir. On trouve des gravures préhistoriques (voir le site de J.Etienne) vieilles de plus d’un million d’années Toutes les civilisations récentes (égyptiens, grecs, romains et même gaulois) gravaient leurs armes.

La taille douce:

Comme son nom l’indique cette technique consiste à enlever par découpe de faibles quantités de métal. Elle a été employée pour créer des plaques en cuivre qui ont longtemps été le seul moyen de faire en série des illustrations. Les imprimeurs les enduisent d’encre et les passent à la presse. Le papier va alors boire l’encre qui se trouve au fond des sillons. On obtient ainsi des traits extrêmement fins (1/10e de mm ou moins). Cette technique permet de graver des détails minuscules, elle est parfois encore utilisée pour imprimer des timbres et des billets de banque…

Ici, elle est utilisée pour décorer directement le couteau ,ou les mitres, ou bien pour graver du texte directement sur la lame.
Les traits sont donc très fins, je vais rarement au delà de 5/10e de mm. Avec un outil losange cela donne une profondeur d’environ 6/10e. La grande majorité de mes gravures est faite en traits de 2 à 3/10e. Les gravure en taille douce emploie les mêmes techniques pour donner du volume et de la vie au sujet, que la le dessin à la plume.
Si cela vous intéresse, voici un site en français qui décrit les diverses techniques de gravure, eau forte, manière noire etc.

Préparation de l ’acier:

Dans la mesure du possible je grave avant la trempe de la lame ou des ressorts. Je fais la gravure sur une lame dépolie au papier 400, il est plus facile de transférer le croquis par la méthode décrite dans « transfert » ( le toner accroche mieux que sur une lame polie). De plus il y a moins de reflets parasites qui peuvent gêner lors de la gravure.

Trempe et finition:

Dès que la gravure est terminée, je ne ponce surtout pas: Il y pourtant des bavures car l’outil soulève légèrement les flancs de coupe, et il reste souvent des bouts de copeau mal coupés en fin de sillon. Mais le ponçage « efface » toujours un peu la gravure, il faut donc le réduire au strict minimum. Comme il va bien falloir tremper la lame et qu’elle va s’oxyder au cours de cette trempe, il faudra la polir pour enlever cette couche d’oxyde: Ce polissage après trempe et revenu ,servira à la fois à redonner du lustre à la lame et à enlever les bavures de la gravure.
Je fais des trempes à l’huile, donc la gravure devient toute noire, et après le revenu et le polissage, les fonds des sillons restent sombres, ce qui ne me dérange pas, puisque cela donne du contraste à la gravure.
Malheureusement, après polissage certaines ombres et des traits légers vont être effacés, et je dois les reprendre à l’échoppe à pointe carbure .C’est une opération délicate et à risques, car si la trempe est réussie votre acier est aux alentours de 56 HRC, dur dur pour les pointes de l’échoppe.

La solution que j’essaie de mettre en œuvre: faire une gravure un peu plus creusée et avec des ombres plus marquées que la normale, en tenant compte qu’il y aura un estompage inévitable dû au polissage qui va suivre le revenu.

Le problème ne se pose pas lorsque vous gravez les mitres ou des gardes, là vous pourrez poncer tout de suite après gravure au papier 600 et polir. Attention si vous avez une ou 2 reprises à faire à l’échoppe, il faut bien brosser après ponçage car votre outil ne va pas aimer les restes d’abrasif qui s’accumulent au fond des sillons.
Pour donner du contraste a ce type de gravure j’ai essayé l’encre de chine: cela fonctionne bien mais j’ignore la tenue dans le temps. J’utilise également un produit de NgraveR qui s’appelle BlacK Antique, il est à 2 composants: on passe le premier et après séchage on passe le second qui est le solvant et qui fait réapparaître la gravure bien contrastée. Je ne l’utilise pas sur les lames car il est marqué Poison! Je n’ai pas envie que mes clients s’empoisonnent en découpant leur saucisson. J’ai en cours des tests de « niellage » (mélange d’argent, soufre, plomb, cuivre) qui chauffé donne une belle patine. Malheureusement il faut chauffer à 900° pour le faire fondre, c’est donc réservé aux gardes et mitres.

Entretien d’une lame gravée:

Je dois reconnaître qu’à mon grand regret certains de mes couteaux ne sont pas utilisés par mes clients. Je n’aime pas les couteaux de vitrine, et j’utilise les miens le plus souvent possible. J’en ai repoli un dernièrement qui avait quelques rayures: Je passe la frotte sur toutes les parties non gravées et sur la gravure je fais un polissage sélectif à la main avec un tampon de feutre et de la pâte diamant 3µ.
Pour les lames en acier carbone, je repolis tout autour de la gravure et je laisse la patine sur celle-ci, elle prend parfois des couleurs violacées assez sympas, c’est devenu de la gravure en couleur!

Sens du travail de gravure:

Dans le chapitre sur la plaque d’essai, je vous ai donné les grands principes: vous allez graver une plaque d’essai, de droite à gauche et de bas en haut. Sur une scène de chasse par exemple, je commence par les contours du sujet principal. Je fais ensuite les ombres de ce sujet et je coupe ensuite les objets du second plan, tels les arbres et je fais enfin l’arrière plan à l’échoppe. Je reviens parfois sur le premier plan s’il ne se détache pas suffisamment. Il vaut mieux couper prudemment et faire une coupe plus profonde que les autres en 2 (ou 3) passes que de tenter en une seule coupe d’atteindre la bonne profondeur.

Corrections des erreurs:

Avec le brunissoir qui possède un bout arrondi en acier très dur, vous essayez de rapprocher délicatement les 2 flancs de la coupe que vous souhaitez effacer.

Ensuite vous enlevez les traces de l’outil par un ponçage sélectif. Je vous avoue que ce n’est pas très facile à effacer et quelquefois ,il vaut mieux laisser le défaut en place, c’est plus discret.

Si vous sentez que vous êtes en train de dévier du trait guide, vous avez plusieurs façons de revenir: Voici un exemple avec 3 cercles sur lesquels j’ai eu une dérive par rapport au trait guide, vers 11h00 de cadran.

Photo gravure1

Sur le N°1 j’ai fait un retour » progressif » vers le trait guide, sur le N°2, f’ai fait un retour « brusque » et sur le 3 j’ai arrêté et repris le trait un peu avant pour revenir dans le trait guide. La photo n’est pas excellente, mais c’est en principe le N°1 qui est le plus discret et qui se verra le moins au milieu des autres coupes.

Positions de l'outil lors des coupes courbes:

L’outil de gravure coupe naturellement droit. La coupe de courbes prononcées exige une position particulière de l’outil pour éviter de casser sa pointe:

Photo gravure2

Sur la photo ci-dessus, vous voyez en cours la coupe d’une spirale: Il vous faut imaginer le cercle qui a le même rayon que le morceau de courbe que vous êtes en train de couper. Vous imaginez ensuite la tangente à ce cercle qui passe par le point de coupe (sur la photo, le point de coupe est bien visible car un copeau de métal y est attaché). Une fois que cette tangente au cercle de courbure est visualisée, vous devez mettre l’échoppe ( ou le burin) dans le plan de cette tangente.

Dans le cas de cette spirale, vous voyez que le rayon du cercle de courbure va diminuer lorsque je vais me rapprocher de l’intérieur: C’est là la difficulté, il faut sans cesse faire la correction de l’orientation de l’outil, tout en maintenant l’angle de coupe constant!

Sens de la coupe:

Vous aurez parfois à faire des coupes qui n’ont pas une épaisseur constante (Exemple pour les ombrages) à un bout une coupe fine et à l’autre une coupe plus large et profonde. En règle générale, car il y a quelques exceptions pour les lettres: Commencez la coupe par la partie fine et terminez par la plus large!

à suivre...